Le Maroc populaire a démontré peu d’intérêt aux accords que le président français a signés avec les Algériens, et il n’en a cure des promesses inamicales que ceux-ci auraient pu obtenir contre le Maroc.
Le président français Emmanuel Macron a estimé que le colonialisme avait été une «faute de la République». «Trop souvent aujourd’hui la France est perçue» comme ayant «un regard d’hégémonie et des oripeaux d’un colonialisme qui a été une erreur profonde, une faute de la République», a-t-il déclaré fin 2019 appelant à «bâtir une nouvelle page».
Cela dit, force est reconnaître que les dirigeants actuels de l’Algérie ne se préoccupent pas de la France en premier lieu, ni du repentir moral, ni de la compensation matérielle des années de colonisation, ni même de la vie des martyrs, autant qu’ils se préoccupent de la poursuite de s’attacher une position française intransigeante contre l’unité territoriale du Maroc.
Il s’agit de rouvrir le dossier des frontières imposées par le pouvoir colonial français, de rappeler que la question de la délimitation a évolué en fonction de l’occupation militaire et de l’avancée des troupes dans le désert, que les rivalités avec les autres puissances coloniales ont conduits à négocier des tracés infondés octroyant à l’Algérie coloniale un grand hinterland saharien.
Le rapport de Benjamin Stora sur la réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie est une expérience à reproduire au Maroc. Il s’agit de reconnaître que le passé colonial français du Maroc nécessite la mise en place d’une commission histoire d’enquête conjointe. À la tête de ce comité côté français, des chercheurs familiers à l’histoire marocaine tels que Bernard Rosenberger, Daniel Rivet et Daniel Nordman.
Le premier sujet de cette recherche commune est d’expliquer les actions de l’expansion de l’armée française dans les terres marocaines du sud, surtout entre 1860 et 1912; le point de départ devrait être le fait que la frontière nord héritée de l’Algérie ottomane exigeait, au moins, que la ligne s’étende tout droit jusqu’à l’extrême le sud. Il s’agit aussi de reconnaître que la frontière diagonale actuelle a été faite au détriment du Maroc. Des milliers de kilomètres arrachés au Maroc est le résultat des travaux de terrassement qu’a entrepris l’armée française avec une expansion quotidienne progressive prévue pour la période mentionnée; – Rechercher les faits de cette histoire usurpatrice dans les fonds d’archives
Les Français, notamment dans les archives de l’armée au Château de Vincennes qui contiennent une description de ces attritions expansionnistes.
En effet, alors que le Maroc entendait rediscuter le tracé des frontières héritées de la colonisation, l’Algérie, au rebours de ses promesses, a invoqué le principe d’intangibilité. Mais les revendications marocaines portant sur le tracé des frontières entre le Maroc et Algérie ont été été officiellement reconnues et admises dans une convention signée Rabat le juillet 1961 par le roi Hassan II et le dirigeant Ferhat Abbas. Le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays, qui devrait trouver une solution dans des négociations entre le gouvernement du Maroc et le gouvernement de Algérie indépendante a été exacerbé au fil des années par l’Algérie et la France.
Selon une source proche de l’Élysée, la volonté du président Macron lors de son déplacement en Algérie était de se tourner vers l’avenir, notamment vers la jeunesse algérienne, tout en continuant le travail d’apaisement des mémoires, un désaveu cinglant du système «politico-militaire» au pouvoir en Algérie, qui entretiendrait une «rente mémorielle».
En se rendant au Maroc, Emmanuel Macron doit se remémorer «les prémisses référentielles immuables du pays» et «la sacralité des constantes qui font l’objet de l’unanimité nationale», dont l’unité nationale, et l’intégrité territoriale font l’ossature. Un Maroc uni ne peut être que pour l’intérêt de la France.