Rabat entend revisiter son arsenal pénal face à la menace croissante des armes blanches

Le Maroc s’apprête à revisiter en profondeur le socle législatif encadrant le port et l’usage des armes blanches, dans un souci de répondre à une inquiétude diffuse mais persistante quant à la multiplication des attaques violentes dans l’espace public. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la justice, Abdellatif Ouahbi, à l’occasion d’une séance de questions orales au sein de la Chambre des représentants.

Cette révision, que le ministre a qualifiée de «prioritaire dans l’architecture du projet de réforme pénale en cours», œuvre à redéfinir avec rigueur la notion même d’arme blanche, tout en réévaluant les peines prévues à l’article 303 bis du code pénal, aujourd’hui jugées en décalage avec la gravité des atteintes commises.

«Il n’est nullement justifiable qu’un individu déambule dans la rue muni d’un instrument de mort», a déclaré M. Ouahbi, dénonçant une dérive inquiétante du quotidien urbain marquée par une banalisation de ces pratiques délictueuses. Le port d’arme, désormais courant dans certains quartiers, n’est plus, selon lui, l’apanage de la petite criminalité, mais tend à nourrir une spirale de violences qui menace le pacte de coexistence pacifique.

Le ministre a souligné que les juridictions et le ministère public s’orientent vers une lecture plus rigoureuse des cas liés à la possession injustifiée de ces armes, en écho à un impératif plus large : «rendre aux citoyens la plénitude de leur sentiment de sécurité.» Il a également salué la vigilance constante des forces de l’ordre et des unités de la gendarmerie royale, mobilisées sur le terrain face à une délinquance de plus en plus outillée.

Dans de nombreuses agglomérations, des poches de tension sont devenues des points noirs, portés par une circulation anarchique d’armes blanches — couteaux, machettes, voire objets artisanaux détournés. Les services de sécurité, dans plusieurs rapports confidentiels, ont d’ailleurs alerté sur la facilité d’acquisition de ces instruments, devenus une alternative de prédilection pour certaines franges criminelles du fait de leur faible coût et de leur accessibilité.

Le projet de réforme, qui doit être soumis au Parlement lors de la prochaine session, prévoit un ensemble de dispositions destinées à tarir les canaux de dissémination de ces armes, tout en érigeant des garde-fous pénaux plus adaptés aux réalités contemporaines.

Tout porte à croire que ce texte recevra un accueil favorable, tant les attentes de la société civile se font pressantes quant à une réaffirmation de la loi face aux dérèglements de l’ordre public.

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