Retraites : le gouvernement tâte le terrain mais garde le silence sur les augmentations de salaires

La Confédération démocratique du travail (CDT), qui participait aux négociations, a rappelé, à cette occasion, l’ensemble de ses doléances non satisfaites, au premier rang desquelles figure l’application intégrale des accords sociaux antérieurs, notamment celui du 30 avril 2022. Elle a également insisté sur la paralysie persistante de nombreux pourparlers sectoriels, en particulier dans les administrations locales, l’enseignement, l’ingénierie publique et la fonction publique territoriale. La question de l’âge de départ à la retraite ravive les tensions dans la fonction publique.

Lors cours de la nouvelle session du dialogue social tenue mardi à Rabat, le gouvernement d’Akhannouch a laissé entrevoir la possibilité d’une révision des pensions de retraite tout en se gardant de tout engagement concernant la revendication majeure des syndicats : une revalorisation généralisée des rémunérations dans les secteurs public et privé.

Parmi les sujets abordés figuraient également le sort des accords sociaux précédents, dont l’application demeure partielle, et le gel de nombreux dialogues sectoriels, particulièrement au sein des administrations territoriales et des corps techniques et encadrants de la fonction publique.

L’exécutif a sollicité un délai de dix jours pour apporter des réponses aux points soulevés par les organisations syndicales. Certaines catégories professionnelles ont vu leurs dossiers évoqués, notamment les inspecteurs du travail, pour lesquels l’élaboration d’un nouveau statut serait en voie d’achèvement.

L’éventualité d’un relèvement de l’âge légal divise

Au cœur des crispations figure le chantier sensible de la réforme des régimes de retraite. Intervenant à l’issue du conseil de gouvernement, le porte-parole de l’exécutif, Mustapha Baitas, a déclaré que «des mesures urgentes concernant ces caisses seront annoncées prochainement», sans en préciser la nature, maintenant ainsi le flou sur les scénarios envisagés.

Le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, qui avait été rejeté lors des cycles précédents de négociation, reste une perspective vivement contestée, notamment dans les secteurs exposés à une pénibilité accrue, comme l’enseignement. Dans ce domaine, le maintien des personnels jusqu’à soixante-cinq ans est jugé incompatible avec les conditions d’exercice actuelles, tant du point de vue de la qualité pédagogique que de la santé des intéressés.

L’hypothèse d’un report de l’âge de départ demeure source de tensions, certains plaidant pour qu’une telle mesure, si elle devait être mise en œuvre, conserve un caractère volontaire, ou s’accompagne d’un reclassement vers des fonctions administratives à partir d’un certain seuil d’âge.

Un climat d’incertitude persistant

En l’absence de réponse sur la question centrale des salaires, la séance a révélé un décalage persistant entre les attentes syndicales et la posture de l’exécutif. Alors que le Cour des comptes (CC) a récemment alerté sur la viabilité des régimes de retraite à l’horizon 2028, l’absence d’un seuil clairement défini, tant sur le plan budgétaire que social, alimente les inquiétudes.

À mesure que s’approche la date symbolique du 1ᵉʳ mai, la pression s’accentue sur le gouvernement, sommé de clarifier ses intentions et de proposer des réponses tangibles aux revendications portées de longue date.

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