Révolte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur

Une pluie de dénonciations des demandes de sexe des professeurs en retour de bonnes notes pour les étudiantes, inonde la presse et les réseaux sociaux. Le mouvement Moroccan Outlaws 490 y contribue largement par appels à témoignages en usant des hashtags #MeTooUniv et #Zéro_Tolérance.

Tout a commencé par l’affaire «sexe contre bonnes notes » à  l’université Hassan Ier de Settat et la comparution des professeurs concernés devant la justice début décembre. Le 27 décembre dernier, c’est au tour des étudiantes de l’ ENCG d’Oujda de dénoncer des chantages sexuels contre bonnes notes. 

Quelques jours plus tard, un professeur de l’école de traduction Roi Fahd de Tanger est dénoncé pour les mêmes abus.

Les langues se délient et surtout, la peur fait place à l’urgence de dénoncer pour se protéger contre les assauts sexuels dans le milieu universitaire. Il faut dire que les étudiantes accusatrices disposent, pour la plupart, d’échanges de textos ou de vidéos qui ne laissent aucun doute sur l’objectif des professeurs pointés.

La révolte contre ces pratiques est palpable sur les réseaux sociaux. Les directions des établissements ne peuvent plus nier l’évidence, d’autant que le ministère de tutelle réagit rapidement : des têtes tombent, un numéro vert ainsi que des cellules d’écoute sont annoncés. C’est inédit.

Le changement de comportement contre l’abus de faiblesse d’une étudiante par son professeur (ou d’une employée par son supérieur…), ne va s’opérer du jour au lendemain. Mais les prémisses sont là. 

Il s’agirait surtout d’amender le code pénal, criminaliser systématiquement les actes de harcèlement, de viol et violence contre les femmes. Mais ce ne sera pas suffisant. Il faudra appliquer l’égalité totale entre hommes et femmes pour que le regard sur la citoyenne change par la force de la loi. D’autant que les résistances sont prégnantes. Abdel-ilah Benkiran, nous l’a tristement rappelé samedi 1er janvier lors d’une réunion interne du PJD avec les secrétaires provinciaux et régionaux. Il leur a clairement demandé de s’opposer à tout changement du statut de la femme dans la société tout comme à l’élargissement des libertés individuelles, dans le but de faire renaître le PJD de ses cendres. C’est, a-t-il assuré, l’opposition de son parti au projet de Plan d’intégration de la femme en  2000 qui lui aurait fait gagner 42 sièges en 2002. 

Certes, en tant de crise, l’extrémisme et le populisme construits sur une vision patriarcale et machiste du Coran et de la femme-objet (le lustre si cher à Benkiran) peuvent trouver écho auprès des populations vulnérables. 

Les partis de la majorité gagneraient à s’approprier autrement la question politique de la femme. Une citoyenne à part entière est pleinement impliquée dans les projets de société, contrairement à une citoyenne de seconde zone. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *