Sahara : le député Ashley Fox invite le gouvernement britannique à jauger les effets économiques d’une reconnaissance de la souveraineté marocaine

Deux questions écrites, déposées le 30 avril par Sir Ashley Fox, député de Bridgwater (Parti conservateur), viennent rompre le silence relatif observé jusqu’à présent par les autorités britanniques à l’endroit du Sahara. Référencées sous les numéros 49141 et 49142, elles entendent interroger le gouvernement sur les effets économiques et diplomatiques qu’entraînerait une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur ce territoire.

Dans sa première demande, adressée au secrétaire d’État au commerce et aux entreprises, M. Fox sollicite une évaluation circonstanciée des conséquences que cette reconnaissance pourrait avoir pour les intérêts commerciaux du Royaume-Uni. La seconde question, quant à elle, élargit le champ de l’interpellation en s’enquérant de l’existence de pourparlers avec le secrétaire d’État aux affaires étrangères, du Commonwealth et du développement (FCDO), à propos d’une éventuelle évolution de la position britannique sur ce dossier.

Plusieurs parlementaires, tant à la chambre des communes qu’à la chambre des lords, se sont prononcés ces derniers mois en faveur d’un engagement plus explicite du Royaume-Uni dans le dossier du Sahara. Daniel Kawczynski, député conservateur, a récemment appelé le gouvernement à s’aligner sur la position de ses principaux alliés, notamment les États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ses provinces méridionales. Lord Hannan, membre de la chambre haute et président de l’Institut pour le libre-échange (IFE), a déclaré pour sa part : «Aucune issue durable ne saurait, à mes yeux, faire l’économie d’une reconnaissance claire de la souveraineté marocaine.»

Alicia Kearns, présidente de la commission des affaires étrangères, avait elle aussi, dans un courrier officieux adressé au FCDO, exprimé ses réserves à l’égard de ce qu’elle qualifiait de «langage diplomatique figé, désormais déconnecté des réalités régionales.»

Depuis plusieurs années, Rabat poursuit une politique méthodique de réaffirmation de sa présence dans les provinces du sud, en y déployant de nombreuses représentations diplomatiques et en attirant des partenaires économiques extérieurs. Pour certains élus britanniques, cette stratégie, conjuguée à l’absence de règlement politique durable sous l’égide des Nations unies, devrait conduire Londres à reconsidérer sa doctrine.

S’il est peu probable que les réponses ministérielles attendues les 5 et 6 mai viennent trancher une question aussi délicate, la présence de ces deux requêtes révèle, en creux, une inflexion de plus en plus audible dans les travées de Westminster.

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