Sahara marocain : une guerre diplomatique juste par l’Histoire, le Droit et la Réalité

«Il faut savoir gérer les inconvénients du vaste dessein», répondait feu Hassan II à Jean Daniel en 1989, suite à une question sur le dossier du Sahara.

Aujourd’hui, trente-six ans plus tard, ce dessein, vaste et majestueux, connaît des retouches majeures qui en affinent la grandeur. N’en déplaise à ceux qui voudraient réviser l’Histoire et jauger le présent à l’aune des paramètres défraîchis du passé. Notre réponse à leurs balivernes est claire : «L’Histoire ne se corrige pas comme un devoir de français», comme le rappelait François Mauriac.

La consécration du plan d’autonomie pour la résolution de ce conflit artificiel ne marque pas seulement un tournant historique ; elle place surtout la morale, et d’abord la justice, au cœur de la marée tumultueuse de la scène politique. Cette «politique morale et juste», longtemps reléguée aux oubliettes, notamment après les événements de Gaza, refait surface, éclatante, et redore le blason de la diplomatie, cette guerre menée «avec d’autres moyens», selon le grand théoricien Clausewitz. Oui, le Sahara marocain est une guerre diplomatique juste (jus ad bellum) par l’Histoire, le Droit et la Réalité.

Comment pourrait-il en être autrement, alors que Voltaire constatait déjà, en 1754, dans son Essai sur l’histoire générale, que «presque toutes les côtes d’Afrique qu’on avait découvertes, étaient sous la dépendance des souverains du Maroc, du détroit de Gibraltar jusqu’au fleuve du Sénégal» ? Et que, deux siècles plus tard, la Cour internationale de Justice reconnaissait que ce territoire n’était point terra nullius, mais qu’il entretenait des liens d’allégeance avec le royaume chérifien. Cependant, si la fin est juste, que dire des moyens ?

Au XIVᵉ siècle, Nicole Oresme, éminent philosophe et théologien français, écrivait dans son œuvre Thèse de Meunier : «Bonne fin et moyens utiles à la fin». Ces paroles, simples et profondes, semblent préfigurer la politique clairvoyante du roi Mohammed VI dès son accession au trône. Depuis l’élaboration du plan d’autonomie en 2007, jusqu’aux différentes reconnaissances internationales qui s’ensuivirent, la diplomatie marocaine, sous l’impulsion royale, a su rallier la communauté internationale à sa cause sacrée, sans jamais envenimer les relations avec les ennemis de l’intégrité territoriale du royaume, et particulièrement avec l’Algérie.

Une politique douce, ferme et mesurée, accomplissant le bon acte au bon moment – le fameux kairos des Grecs –, respectant l’Histoire tout en se projetant sereinement vers l’avenir. Toutefois, comme l’évoquait Bismarck, l’ancien homme d’État allemand, avec lucidité : «La géographie est la seule composante invariable de l’Histoire».

En effet, cracher sur l’avenir, et en particulier sur les relations futures avec le voisin de l’Est, n’est pas la solution adéquate. C’est ce qu’a réitéré, implicitement et avec sagesse, le souverain lors de son allocution, à la suite du vote historique du Conseil de sécurité des Nations unies.

Sachant qu’il ne peut déplacer ni le Maroc ni l’Algérie, et que les deux pays demeurent voisins et frères, le souverain marocain a invité le président Abdelmadjid Tebboune à un «dialogue fraternel et sincère entre le Maroc et l’Algérie», afin de surmonter les différends et de jeter les bases de «relations nouvelles fondées sur la confiance, la fraternité et le bon voisinage». Désormais, la balle est dans le camp de nos voisins algériens.

Accepteront-ils de saisir ce rendez-vous avec l’Histoire et de s’embarquer avec le royaume dans le train du développement régional, ou continueront-ils de leurrer le peuple algérien par les théories manipulatrices de Gustave Le Bon, afin d’étendre leur dictature militaire sur l’ensemble de la société ? L’évolution de la situation nous le dira, ou pour reprendre le proverbe anglais «time will tell» (qui vivra verra).

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