Seïf Islem Benattia : «C’est le soutien français qui maintient le régime algérien en vie»

Selon l’activiste Seïf Islem Benattia, les juges d’instruction en Algérie falsifient les procès et les vidéos pour accabler les militants du Hirak, affirmant que la liberté d’expression dans le pays n’existe pas.

«Le pouvoir est aujourd’hui déterminé à poursuivre son plan politique et institutionnel mais en ignorant les revendications de la rue : Etat de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante», a déclaré lors d’une émission télévisée l’activiste politique Seïf Islem Benattia. Ce dernier a dénoncé «la situation inquiétante des libertés et des droits fondamentaux» en Algérie et a réclamé «la libération des détenus d’opinion, l’arrêt de la répression et une vraie transition politique qui s’occupe des défis pendants du pays».

Pour le militant, «le régime algérien s’approprie les succès de la sélection nationale de football», affirmant que les déclarations de Djamel Belmadi sur l’état «des installations sportives délabrées dans le pays», ont irrité au plus haut lieu.

Si l’Algérie s’attache au «rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures», M. Benattia a déclaré que le régime politico-militaire profite du soutien de la France pour se perpétuer au pouvoir. Il a également affirmé que lors de son investiture, le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’était engagé à réviser la Constitution, retaillée sur mesure pour son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika, sauf que le texte ne jouit pas du soutien des partis politiques, des syndicats ou encore des représentants de la société civile.

Tebboune avait désigné une commission d’experts chargée de formuler des propositions pour réviser la Loi fondamentale, dont l’adoption a été soumise à un référendum. «Celui qui se montre fier d’une Loi fondamentale entérinée par 13 % des Algériens souffre de déficience mentale», a affirmé M. Benattia, pointant le fait que «nulle partie en Algérie n’ose aborder frontalement les problèmes dont souffre le peuple, preuve s’il en faut qu’il n’existe pas de corps intermédiaires en Algérie. L’institution militaire décide de tout». M. Benattia a également évoqué la plate-forme de partis et d’associations liés au Hirak, regroupés au sein du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD), qui rejette les tentatives du régime de contourner la satisfaction des revendications «légitimes» du peuple, lesquelles passent par la mise en place d’«institutions de transition», dont une nouvelle constitution, et non une révision de celle présidentialiste héritée des vingt ans de règne de Bouteflika.

Si la France soutient le régime algérien actuel, c’est sûrement à contrecœur. Le président français Emmanuel Macron a confié ne pas penser qu’il y ait une «haine» contre la France «de la société algérienne dans ses profondeurs, mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle». Après son indépendance en 1962 l’Algérie s’est construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire ». Il y évoque aussi «une histoire officielle», selon lui, «totalement réécrite», qui «ne s’appuie pas sur des vérités» mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France».

Plus de 300 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien.

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