Le Maroc vient, selon le Council on Foreign Relations (CFR), «de remporter une victoire importante dans sa longue lutte pour maintenir et assoir sa souveraineté sur le Sahara occidental.» Fondé en 1921 à New York, le Council on Foreign Relations est l’un des plus anciens et des plus influents centres de réflexion américains consacrés à la politique étrangère et aux relations internationales. Indépendant, non partisan, il rassemble diplomates, chercheurs, dirigeants politiques et militaires, et publie la revue Foreign Affairs, considérée comme une référence mondiale dans l’analyse stratégique. Ses prises de position exercent une influence certaine sur la formulation de la politique étrangère américaine.
Le centre d’études rappelle «la question du Sahara constitue pour les Marocains une grande cause nationale.» Il note que «l’Algérie est demeurée au cœur de ce conflit, armant et hébergeant le Polisario, qui contrôle à peine un cinquième du Sahara occidental.» Le CFR note que «le Front Polisario se présente comme un mouvement de libération nationale mais son organisation, son soutien politique et son imaginaire rappellent les luttes idéologiques de la guerre froide.» Mais la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée vendredi 31 octobre, «marque la défaite politique du Polisario.»
L’autonomie marocaine comme issue réaliste
L’auteur du texte, ancien directeur pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord au Conseil de sécurité nationale américain sous la présidence de George W. Bush, rappelle s’être impliqué dans ce dossier dès 2002. Il décrit un contexte où «le plan initial des Nations unies prévoyait un référendum, sous l’égide de James Baker, alors envoyé spécial de l’ONU.» «Nous pensions que Baker avait raison dans son premier plan : une autonomie sous souveraineté marocaine,» cite le texte. Washington encouragea alors le royaume à formaliser cette proposition, «ce qu’il fit en 2007.» Ce projet fut, depuis lors, soutenu par «toutes les administrations américaines, républicaines comme démocrates.»
Peu à peu, poursuit l’analyse, «de nombreux pays ont reconnu que cette approche constituait la seule solution viable : une autonomie sous souveraineté marocaine, plutôt que la création d’un État défaillant sous tutelle algérienne.» La résolution 2797 du Conseil de sécurité apporte, selon le CFR, «un soutien plein et entier au secrétaire général et à son envoyé personnel pour conduire des négociations sur la base de la proposition d’autonomie marocaine, afin d’aboutir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable.»
Le texte rappelle que le vote s’est soldé par «onze voix pour, aucune contre, et trois abstentions (Chine, Russie, Pakistan), tandis que l’Algérie, membre non permanent du Conseil, s’est abstenue de participer au scrutin.» La résolution souligne que «l’autonomie véritable pourrait représenter l’issue la plus réaliste» et enjoint «le Maroc et le Polisario à engager un dialogue sans conditions préalables, sur la base de la proposition d’autonomie, afin de parvenir à une solution politique définitive garantissant le droit à l’autodétermination des populations du Sahara occidental.»
Une victoire politique et diplomatique
Le CFR relève que «le Maroc bénéficie aujourd’hui du soutien des États-Unis, de la France et de l’Espagne, ainsi que d’un nombre croissant d’États dans le monde.» Selon les termes du délégué français à l’ONU, «l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue.» Le quotidien Le Monde a d’ailleurs titré : «Sahara occidental : le Maroc obtient une victoire diplomatique à l’ONU.»
Cependant, nuance le rapport, «la lutte n’est pas terminée, l’Algérie persistant à rejeter la démarche onusienne en faveur de l’autonomie et poursuivant son appui au Polisario sous toutes ses formes — diplomatique, politique, financière, voire militaire.» Le CFR rappelle que «les relations entre Alger et Rabat sont rompues depuis 2021, et qu’en 2023 le président algérien a déclaré : “Nous avons pratiquement atteint le point de non-retour.”» «L’un des griefs majeurs du régime algérien,» poursuit le texte, «fut la décision du Maroc de rejoindre les accords d’Abraham en 2020 et de reprendre ses relations avec Israël.»
Pour le Council on Foreign Relations, «le vote des Nations unies constitue néanmoins une victoire éclatante du réalisme marocain et de la diplomatie persévérante du royaume.» Le texte conclut que «l’autonomie sous souveraineté marocaine, proposée il y a un quart de siècle, demeure aujourd’hui la seule voie de paix et de stabilité durable pour le Maghreb.»