Une opération rocambolesque, mêlant espionnage et pressions diplomatiques, a mis en évidence les tensions croissantes entre la France et l’Algérie. Amir DZ, de son vrai nom Amir Boukhors, réfugié en France depuis 2016, aurait été victime d’une tentative d’enlèvement en avril 2023, selon des révélations exclusives de Le Journal du Dimanche (JDD, 20 avril). Cette tentative, attribuée à des agents liés aux services secrets algériens, soulève des questions sur la capacité de la France à protéger les opposants politiques exilés sur son territoire.
Un activiste dans le viseur d’Alger
Âgé d’une quarantaine d’années, Amir DZ est devenu une figure incontournable de l’opposition algérienne. Exilé en France, il utilise les réseaux sociaux pour dénoncer les abus de pouvoir, les privilèges des élites et les dérives autoritaires du régime algérien. «Père de deux enfants, il n’a cessé de pointer les privilèges obscènes d’une classe dirigeante qui condamne la France le jour et s’y installe la nuit», écrit Le Journal du Dimanche dans sa dernière édition.
Cette posture critique, combinée à une audience croissante au sein de la diaspora algérienne, aurait irrité au plus haut point le régime en place à Alger. L’homme était dans le collimateur des autorités algériennes, qui auraient orchestré une opération clandestine pour le réduire au silence.
Un enlèvement manqué
Le 29 avril 2023, Amir DZ aurait été intercepté par des individus se faisant passer pour des policiers français. Ces derniers l’auraient contraint à monter dans un véhicule banalisé avant de le conduire dans un préfabriqué isolé. Là, il aurait été soumis à des pressions psychologiques et à des menaces directes.
Cependant, grâce à une série de maladresses de ses ravisseurs, Amir DZ parvint à s’échapper. «Cette tentative d’enlèvement est un véritable fiasco», souligne une source proche du dossier, citée par le journal.
Des liens directs avec Alger
Selon les informations de Le Journal du Dimanche, l’enquête menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a révélé des connexions directes entre les ravisseurs et des réseaux diplomatiques algériens, notamment des agents liés à la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE).
«Cette affaire illustre les méthodes brutales et improvisées des services algériens pour faire taire leurs opposants, même à l’étranger», analyse un spécialiste des relations franco-algériennes. Les indices recueillis sur place, combinés aux témoignages d’Amir DZ, renforcent l’hypothèse d’une opération téléguidée depuis Alger.
Un embarras diplomatique majeur
Cette tentative d’enlèvement a provoqué une onde de choc dans les relations franco-algériennes. Paris a immédiatement convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour demander des explications. Un diplomate français déclare : «Il s’agit d’une violation grave de notre souveraineté et d’une menace inacceptable pour la sécurité des réfugiés politiques.» Alors que l’Élysée envisage de porter l’affaire devant des instances internationales, l’incident pourrait également figurer à l’ordre du jour du prochain sommet du G7, où la question des ingérences étrangères devrait être débattue.
Un avertissement pour les régimes autoritaires
Pour Amir DZ, cette tentative de séquestration ne marque pas la fin de son combat. «Rien ne l’arrête. Ni les menaces, ni les tentatives d’intimidation. Il continuera à dénoncer ce qu’il considère comme les dérives d’un système gangrené», rapporte le journal.
Cette affaire rappelle la nécessité pour la France de renforcer ses dispositifs de protection pour les opposants politiques exilés. Elle souligne également les risques encourus par ceux qui s’opposent aux régimes autoritaires, même à des milliers de kilomètres de leur pays d’origine.