Transfert d’argent de la diaspora africaine : pour le passage par des services formels

Banquier depuis trente et un ans, dont trois et demi à la tête du groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI) [NDLR : une banque fondée au Togo en 1985 et présente dans 36 pays d’Afrique de l’Ouest, centrale et de l’Est], Ade Ayeyemi a accordé une interview à Jeune Afrique pour parler  des contributions financières de la diaspora pour les économies africaines qui sont majoritairement transférées par des canaux informels.

Selon Ade Ayeyemi, la diaspora africaine gagne en moyenne plus de dix fois le revenu moyen par habitant des personnes vivant sur le continent africain. « Nous parlons de plus de 50 millions de personnes. Elles ont les moyens d’envoyer de l’argent au pays pour y faire progresser le pouvoir d’achat et la demande. La responsabilité du secteur bancaire est de trouver comment réduire les problèmes dans le processus. Le niveau technologique et économique actuel permet de transférer de l’argent sur le continent sans aucune friction et de manière quasi instantanée », a-t-il déclaré.

Toutefois, une grande partie de l’argent envoyé par la diaspora est transférée par des canaux informels qui sont plus rapides et moins chers. Pour ce banquier, « il est préférable que l’argent circule par les canaux formels de la finance. Lorsqu’il passe par le secteur informel, les flux sont imprévisibles et le pays ne peut pas s’y préparer ». Afin de convaincre la population d’avoir recours aux banques et aux services de transfert d’argent, les organisations financières, les institutions financières de développement et l’Union africaine veulent faire baisser les prix de transfert et améliorer la qualité des services.

S’agissant du trio migration-ressources-contribution, le directeur général du groupe Ecobank Transnational Incorporated a indiqué qu’il faut reconnaître que beaucoup d’Africains vivant à l’étranger veulent soutenir les économies de leur pays d’origine. Cela encouragera les autres à rester au pays et fera progresser la demande. « Si les ressources sont au Nord, les gens qui vivent au Sud iront les chercher là où elles se trouvent. Il faut prendre en compte l’importance de ces transferts et les soutenir politiquement », a-t-il relevé.

Il faut savoir que les transferts d’argent qui passent « de main à main » pourraient s’élever à environ 50% du total des transferts d’argent réalisés dans le monde. Ce phénomène est encore plus répandu en Afrique où plusieurs facteurs, dont le coût jugé exorbitant des transferts, font du transfert informel le moyen le plus usité pour envoyer et recevoir de l’argent. L’Afrique espère formaliser donc ces flux monétaires pour mieux les régulariser et pour contrôler les flux de capitaux.

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