Un tribunal de Casablanca condamne un intermédiaire à cinq ans de prison pour traite numérique vers l’Asie

Un tribunal de Casablanca a condamné, mardi 5 novembre, un homme à cinq années de réclusion et à une amende de 107 300 dollars (près de 1,1 million de dirhams) pour traite d’êtres humains, selon des informations rapportées par l’agence Associated Press (AP). Il s’agit de la première condamnation au Maroc prononcée contre un individu impliqué dans le recrutement de jeunes victimes destinées à des réseaux d’escroquerie numérique en Asie.

D’après AP, plusieurs jeunes ressortissants avaient été attirés par une offre d’emploi en ligne promettant des salaires attractifs en Thaïlande. À leur arrivée, ils furent acheminés de force vers la Birmanie, à plus de 14 900 kilomètres de leur pays, où ils furent contraints de travailler dans des complexes de «fraude en ligne».

Le prévenu a nié toute responsabilité, déclarant à la barre que «la traite d’êtres humains est un crime contre l’humanité qu’il n’aurait jamais commis».

Témoignages et déroulement du procès

Toujours selon AP, les victimes présentes à l’audience ont raconté avoir été témoins «d’actes de torture et de traitements dégradants» dans ces centres de Birmanie. Certaines auraient retrouvé la liberté «après avoir versé des rançons en cryptomonnaie», selon des documents judiciaires cités par leurs avocats.

Le parquet a précisé que Nabil Moafik gérait un groupe sur Facebook destiné aux immigrés marocains vivant en Turquie. C’est sur cette plateforme qu’il aurait publié une annonce proposant des emplois en Thaïlande. Un jeune homme, Youssef Amzouz, y aurait répondu avant d’être mis en contact avec un autre Marocain chargé du recrutement. Ce dernier lui aurait fait passer un entretien, puis lui aurait demandé de l’argent pour acheter un billet d’avion vers la Malaisie.

Un rapport de police lu au procès mentionne que Moafik aurait ensuite présenté Amzouz à un autre ressortissant marocain, lequel l’aurait contraint «à verser une rançon ou à recruter cent personnes supplémentaires pour obtenir sa libération».

Lors de sa défense, l’accusé a affirmé n’avoir perçu que «des sommes comprises entre 21 et 107 dollars (environ 210 à 1 100 dirhams) par personne recrutée» et ignorait «le caractère frauduleux de ces offres d’emploi». Il a soutenu avoir reçu un appel d’Amzouz «depuis un hôpital, où il se faisait soigner pour des blessures causées par la torture».

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rappelé que certains intermédiaires peuvent ignorer leur participation à la traite, ce qui rend «la poursuite de ces crimes transfrontaliers particulièrement ardue». Le procureur a, pour sa part, estimé que M. Moafik constituait «un maillon essentiel dans la commission du crime de traite d’êtres humains», affirmant que son objectif était «le profit tiré du commerce d’êtres humains».

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